Visite de l’église des dominicains de nice

Vidéo de présentation par Charles Astro (AzurTV 30 août 2014)

Visite de l’église en drone

Texte d’une visite détaillée de Hervé Barelli
(source : http://www.nicerendezvous.com/car/eglise-saint-francois-de-paule.html)

Dès 1234, des frères dominicains venus d’Avignon fondent à Nice un couvent aux portes de la vieille ville, à l’emplacement de l’actuel palais de justice. La place du palais de justice est encore connue aujourd’hui sous le nom de place Saint-Dominique.

Au XVème siècle, le couvent ouvre une École de théologie qui dispose d’une bibliothèque bien fournie.

En 1792, les troupes françaises entrent à Nice et dispersent les communautés religieuses. Après divers usages, église et couvent dominicains sont détruits vers 1880. Seule la sacristie est épargnée : décorée de portraits de saints dominicains, elle devient la sacristie de la cathédrale Sainte-Réparate.

C’est en 1939 que Mgr Rémond, évêque de Nice, rappelle les frères et leur confie l’église des Minimes, connue dès 1838 sous le nom de “paroisse Saint-Dominique”.

L’église est un bel exemple de l’architecture baroque piémontaise du XVIIIème siècle.

Eglise du couvent des dominicains
Église du couvent des dominicains de Nice

HISTORIQUE
Cette église fut bâtie, avec le couvent qui l’entoure, par les Minimes, fondés par François de Paule et approuvés par Rome en 1493. Ils sollicitèrent leur installation à Nice en 1633 et s’établirent entre la rue Droite et le couvent Sainte-Claire, sur le site de l’actuelle chapelle Sainte-Croix. Ils y construisirent un couvent et une chapelle, vers 1642, et demeurèrent sur ce site jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, date à laquelle ils se transférèrent dans la ville neuve du Pré-aux-Oies. Commençant à y acheter divers terrains dès 1719, ils établissent un nouveau couvent avec chapelle en 1722-1723 et vendent leurs anciens locaux aux Pénitents blancs de la Sainte-Croix en 1761. A deux reprises encore dans le siècle, ils vont rénover et embellir largement leur église : en 1741 d’abord, puis en 1762-1767, la façade de l’église datant de 1773. Selon le Dr. Albin de Cigala, la bénédiction solennelle de l’église « achevée » aurait eu lieu le 30 septembre 1750.Disparus à la Révolution, les Minimes virent leur église transformée en paroisse en 1802. Puis, en 1934, la paroisse fut réunie à Sainte-Réparate et l’église confiée aux Dominicains. Ceux-ci avaient été chassés de leur couvent de la place du Palais à la Révolution et n’étaient plus revenus à Nice.

EXTERIEUR ET FACADE
La façade n’a été achevée que très récemment : jusqu’en 2002, seul un enduit de rebouchage grisâtre la recouvrait. Elle est d’ordre monumental, bien dans le goût du XVIIIe siècle finissant, comme le Saint-Suaire, le Saint-Sépulcre ou la façade disparue de Saint-Dominique. Au sommet du fronton se trouve la devise des Minimes, «Charitas». Étant, on le verra plus loin, la plus turinoise des églises du Vieux-Nice, cette façade aurait dû être colorée dans des tons de gris comme les édifices turinois de la même époque.

INTERIEUR
En entrant on trouve un long vaisseau de 33m, aux extrémités parfaitement symétriques. Le plan est très simple, rectangulaire à chapelles latérales, avec un choeur en abside à peine juxtaposé. La décoration est à l’unisson. La voûte n’a pas été décorée au XIXe siècle, la tonalité des couleurs reste dans les gris, comme dans les églises turinoises de la même époque. La décoration reprend en fait les types iconographiques de tous les occupants successifs, donc des Minimes et des Dominicains. Comme souvent, nous serons donc confrontés à des «strates» décoratives souvent incohérentes. On peut aussi remarquer que l’ensemble de la nef, depuis l’entrée jusqu’au chœur, et même dans la tribune de l’orgue, est ornée de portraits en médaillon, sans doute du XVIIIe. La majorité de ces tableaux représente des saints jésuites. Or, nous sommes dans une église où les Jésuites n’ont jamais joué de rôle particulier. D’autre part, des tableaux de même format et de même style sont encore visibles dans la sacristie du Jésus. On peut donc formuler l’hypothèse que ces tableaux furent «hérités» des Jésuites, à la suppression de l’ordre en 1773, et installés ici, quoique n’ayant aucun lien avec les desservants de l’église. Prendre le bas-côté gauche.

1 Chapelle du Sacré Cœur de Jésus
Le tableau central, le Sacré-coeur de Jésus est une oeuvre du peintre niçois Hercule Trachel. Il présente surtout l’intérêt de donner, aux pieds du Christ, un paysage de Nice pris depuis le nord, commençant à gauche par le cap Ferrat, le mont Boron, le Château et la ville, la baie des Anges, la vallée du Var, le cap d’Antibes, les îles de Lérins et l’Estérel. Grâce à ce paysage, on peut dater le tableau. En effet, à l’embouchure du Var (à droite), on distingue deux ponts. Il s’agit, au fond, de celui du chemin de fer, bâti en 1863, et de l’ancienne passerelle construite par les troupes françaises en 1792 et détruite en 1869. Le tableau fut donc peint entre 1863 et 1869.
A droite de l’autel, sur la paroi latérale, un tableau XVIIe figure Saint François-de-Sales et à gauche, une Communion de saint Charles-Borromée de la même époque. Dans le bas-côté, noter la belle statue de bois de saint Dominique (XXe) signée Henri Blattes (Nice, 1949).

2 Chapelle de la Vierge
La statue de la Vierge, au centre, en bois polychrome, est du début du XIXe siècle, comme nombre d’autres œuvres sur ce thème. Le devant d’autel, de la même époque, est une Nativité de la Vierge. Les deux toiles ornant la chapelle sont encore de cette époque. Elles figurent, à gauche La Visitation et à droite L’Annonciation. A la voûte, en haut à gauche saint Dominique, et à droite sainte Rose de Lima.

3 Chœur
Sa pièce de décoration centrale est le maître-autel, d’époque Restauration, surmonté de L’apothéose de saint François-de-Paule, le fondateur des Minimes. C’est apparemment la seule trace qui demeure de la décoration propre aux premiers occupants du lieu. Les stalles du chœur, destinées aux moines, sont surmontées, dans leurs frontons, à gauche, du «chiffre» des Dominicains (le chien qui tient une torche dans la gueule, symbole de saint Dominique), et à droite, du monogramme du Christ (IHS). Datées de la Restauration, elles posent là encore un problème d’origine, puisque les Dominicains ne siégeaient pas encore dans l’église. Le maître-autel est encadré par quatre tableaux qui épousent l’abside. Ils sont datés de 1934 et signés d’Olivotto Gastaldi. Tous quatre se rapportent cette fois aux Dominicains, nouveaux occupants des lieux, et figurent quatre épisodes de la vie de leur fondateurs, saint Dominique : en haut à gauche, Saint Dominique ressuscitant un enfant, à droite Saint Dominique sauvant deux pèlerins de la noyade; en bas à gauche, La Vierge tendant le Rosaire à saint Dominique et à droite Saint Pierre et saint Paul apparaissant à saint Dominique.

4 Sacristie
Comme nombre de sacristies d’églises du Vieux-Nice, elle est décorée de meubles de noyer sculpté. Elle est ornée de toiles représentant, à droite de l’entrée, Le baptême du Christ puis, en poursuivant, saint Pierre délivré par l’ange et, en médaillons de même type que la nef, saint Joseph et le Christ enfant, Apparition de la Vierge à saint François d’Assise, saint Maurice, patron de la maison de Savoie, saint François-de-Paule, saint Antoine-de-Padoue et saint Grégoire-le-Grand et l’ange.

Chaire
Remarquer la chaire à prêcher, en noyer sculpté, et en particulier son garde-corps. Il porte en effet les symboles très épurés, intégrés dans la décoration, des quatre évangélistes, le lion (saint Marc), l’aigle (saint Jean), l’ange (saint Mathieu) et le bœuf ou taureau (saint Luc).

5 Chapelle de saint Dominique
Elle est ornée, dans son retable central, d’un tableau figurant la Vierge. La paroi latérale gauche porte un Saint Dominique en extase, daté du XVIIe siècle, et qui peut donc provenir de l’ancienne église des Dominicains. Sur la paroi latérale droite figure un saint Camille-de-Lellis. Camille de Lellis (1550-1614, fête le 14 juillet, canonisé en 1746) est le fondateur d’une congrégation hospitalière. Remarquer le Christ détaché de la Croix qui lui inspire sa vocation. A la voûte, la décoration florale fait penser à celle de la chapelle Sainte-Croix.

6 Chapelle de saint Benoît
Elle est ornée, à l’autel central, d’un magnifique tableau (anonyme, XVIIIe) figurant la Communion de saint Benoît. Dans l’angle inférieur gauche, un ange veille sur un enfant qui tient un poisson, et qui est observé par un chien. C’est une adaptation de l’épisode du Jeune Tobie et de l’ange (Tobie, VI, 3), comparable à celle visible dans la chapelle Saint-Julien de l’église de l’Annonciation/Sainte Rita. Les parois latérales portent, à gauche, une Sainte-Famille (XVIIIe) et à droite, Notre-Dame de la Salette, avec son étrange collier figurant les instruments de la Passion (anonyme, XIXe).

Les médaillons de la nef
Au nombre de treize, ils figurent un certain nombre de saints. En partant de la droite du maître autel, en bas, sainte Catherine d’Alexandrie, au dessus de la chaire saint François-Xavier, en redescendant vers l’entrée, en bas saint Stanislas Kostka (avec le Christ enfant dans les bras); sur la tribune de l’orgue, le bienheureux Jean-Baptiste Machado et ses deux compagnons, le baptême du Christ, un pape et saint Pierre Canisius; en revenant dans la nef vers le chœur, en bas sainte Hélène, en haut un saint jésuite, face à la chaire, en haut saint Ignace de Loyola, en bas, un dernier jésuite précède saint Louis de Gonzague.